« Je vais allaiter, si je suis capable ! ».
Article initialement publié le 26 février 2014 par Livret de Grossesse, Passeport vers la vie
C’est une phrase que
j’entends souvent en prénatal quand vient le temps de parler
d’allaitement. Et lorsque je demande : « Pourquoi vous ne seriez pas
capable ? », les réponses qui viennent sont : « si j’ai du lait », « si
mon lait est bon », « si je n’ai pas trop mal », « si bébé est
capable »…
Quand j’entends cette phrase, j’entends que les futurs parents sont
conscients et bien informés des bienfaits de l’allaitement, mais
j’entends aussi toutes les histoires d’horreur qu’ils ont entendues et
qui leur font peur ! Voilà comment je leur réponds.
Quand une femme est enceinte, se pose-t-elle la question : « Je vais
accoucher si je suis capable ? » ?! Bien sûr que non, mais elle regarde
les différentes options qui s’offrent à elle pour vivre ce moment le
plus harmonieusement possible selon ses valeurs. Souvent, lorsque nous
sommes accompagnés, bien accompagnés, la grossesse et l’accouchement se
passent mieux. C’est un peu la même chose pour l’allaitement, parfois,
nous avons besoin d’un accompagnement et cela aide à ce que les choses
se déroulent mieux…
Et il existe beaucoup de ressources. Tout d’abord, j’invite toute
future maman à s’inscrire à un groupe d’entraide en allaitement pour
avoir une marraine. C’est une ressource inestimable ! Une marraine est
une maman qui a déjà allaité et qui a suivi une formation de base en
allaitement de 18h, la même formation que suivent les infirmières en
périnatalité. Les marraines sont disponibles 24h/24h, 7 jours semaine.
Elles ne sont pas des fanatiques, mais des passionnées, et accompagnent
les nouvelles mamans dans le respect de leurs valeurs et de leurs choix.
Il vaut mieux l’avoir et, dans le meilleur des cas, ne jamais avoir à
l’appeler que de courir après le jour où on en a besoin ! Ensuite, les
CLSC offrent de multiples services pour soutenir les mamans qui
allaitent : des cliniques d’allaitement et des rendez-vous individuels
de suivis… Enfin, il y a les consultantes en lactation IBCLC
(International Board of Certified Lactation Consultant). Elles
travaillent parfois en milieu hospitalier, en CLSC ou en privé. Ce sont
les professionnels de la santé qui ont l’expertise en allaitement. Çà,
c’est pour les ressources.
Mais revenons à notre phrase ! Peut-on ne pas être capable d’allaiter ?
C’est important de noter que nous sommes faites pour allaiter. Nous
sommes des mammifères. Notre corps est fait pour porter un enfant, le
mettre au monde et le nourrir. C’est la suite logique, physiologique
des choses. D’ailleurs, que vous vouliez allaiter ou pas, votre corps
s’y est préparé pendant la grossesse et toutes les femmes produisent du
colostrum à la naissance. Aussi, les hormones sécrétées à la naissance, à
l’expulsion du placenta, démarrent le processus de la lactation pour
que la montée de lait ait lieu quelques jours plus tard. Enfin, le bébé à
la naissance a tous les réflexes pour aller se nourrir au sein si nous
lui en donnons le temps et lui offrons l’environnement propice à
l’expression de ses réflexes.
Malheureusement, chaque intervention pendant le travail, la naissance
et les heures qui suivent vient perturber cette séquence normale des
choses à la naissance. Et du coup, nous entendons des choses comme:
« Mon bébé est paresseux et ne veut pas téter » « Je n’avais pas de
lait, bébé perdait du poids » « J’ai essayé, mais j’avais trop mal »
« Mon bébé ne sait pas téter ». La séquence normale à la naissance
devrait être de mettre le bébé en peau à peau sur le ventre de sa maman,
SANS INTERRUPTION, jusqu’à ce que le bébé rampe jusqu’aux seins DE SON
INITIATIVE, et fasse le « pic-bois » pour trouver le mamelon et
s’accroche au sein, SEUL, pour boire la première tétée. Cette séquence
se produit dans les deux premières heures de vie et elle ne devrait en
aucun temps être interrompue, à part si l’état de santé du bébé ou de la
maman le demande bien sûr. Plus cette séquence est respectée, plus
l’allaitement a de chance de bien partir, car cette séquence permet au
bébé de s’organiser neurologiquement pour l’allaitement.
Mais parfois, cela ne suffit pas, cela n’est pas toujours aussi
simple, même si c’est naturel. Et c’est là qu’il faut faire appel aux
ressources. Il ne faut pas attendre. À la moindre douleur, au moindre
inconfort, dès le début, demandez de l’aide. La douleur n’est en aucun
temps normale en allaitement. Un bébé qui perd du poids, qui ne prend
pas suffisamment de poids, ce n’est pas normal et cela nécessite que
votre allaitement soit évalué pour trouver la cause du problème. Si
vous avez le sentiment de manquer de lait, consultez pour en trouver la
cause.
Mais ne pensez jamais que votre lait n’est pas bon, pas assez
nourrissant, pas assez riche pour votre bébé. Ce sont des mythes et
c’est impossible. Manquer de lait, ça se peut par contre, mais souvent,
il suffit de corriger la gestion de l’allaitement pour y remédier.
Bref, ne restez pas seule avec vos problèmes d’allaitement et avant
de vous dire « je n’ai pas été capable », « mon allaitement n’a pas
marché », consultez les ressources, toutes les ressources. Un allaitement qui finit par un échec, c’est un deuil très difficile à vivre.
Vous vous donnez les moyens de vivre votre accouchement de façon
harmonieuse ? Alors, donnez-vous également les moyens de vivre votre
allaitement de façon harmonieuse!
Je vous souhaite un allaitement à la hauteur de vos désirs !

Marie-Caroline Bergouignan
Consultante en lactation IBCLC
Au service de votre allaitement
Membre de l’équipe de BB à Bord – Accompagnement périnatal et Boutique www.bbabord.com
438-395-2992
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